Je souhaiterai que les gens prennent conscience que ce qu’on fait aujourd’hui, de ce qui a été fait par le passé et de ce qu’on va laisser au futur. Qu’on arrête de produire au bout du monde du monde avec de la main d’œuvre exploitée et faire venir des produits qu’on peut faire ici en France. On peut faire différemment, on peut arrêter de surconsommer, il suffit de revenir aux choses simples.
Les mains constamment dans la terre, Sylvie Duplan et Yannick Ducamp veulent exercer leur activité en réduisant au maximum leur impact sur l’environnement et les hommes. En plus de produire en agriculture biologique, le couple d’associés prévoit d’investir pour réduire leur consommation d’eau et sortir des énergies fossiles.
Sylvie et Yannick sont producteurs de plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM). Sur 5000 m2 de surface de culture, le couple produit 1,5 millions de jeunes plans en mottes destinés aux professionnels qui les cultiverons en pot ou en pleine terre pour poursuivre leur croissance. 4 personnes y travaillent à l’année, jusqu’à 8 en saison, pour planter ou bouturer plusieurs dizaines de variétés : estragon, verveine citronnelle, lavande ou encore des immortelles, dont beaucoup serviront à la production d’huiles essentielles ou à l’herboristerie.
Produire en agriculture biologique demande anticipation et observation : « 3 axes sont nécessaires : gérer le climat des serres, utiliser en préventif, donc à faible dose, des traitements comme le cuivre ou le souffre pour lutter contre les maladies et lutter contre les « nuisibles » grâce à des insectes auxiliaires. »
Yannick soulève avec patience et minutie les micro-feuilles des plans suivis en permanence : « Par exemple, on utilise des micro-guêpes qui vont nous permettre d’éliminer le puceron. »
Les serres ont besoin de 5 à 6 mois de chauffage : « Notre chaudière est alimentée par les énergies fossiles, notre objectif est d’investir dans une chaudière bois pour utiliser les rebuts de l’agriculture locale, notamment les pains de coco utilisés massivement pour produire en hors sol. » Le pain de coco est constitué de fibres de coco emballées dans du plastique et est utilisé pour produire un substrat en y ajoutant engrais et solutions nutritives.
« Le problème, c’est qu’il n’y a aucune filière pour récupérer ces déchets de l’agriculture, on a en a des quantités énormes laissées par l’ancien propriétaire, et on peut en récupérer en local. Aujourd’hui, c’est soit enterré, soit brûlé. Quitte à ce que ce soit brûlé autant que ça serve à produire de la chaleur pour nos serres. Je préfère créer un emploi à mi-temps pour retirer le plastique des pains de coco et alimenter la chaudière que de donner cet argent à un groupe pétrolier ».
Autre projet des deux producteurs, réduire la consommation d’eau nécessaire à la croissance des jeunes plants : « en installant 4 chariots d’arrosage automatiques pour couvrir 1500 m2, on économisera 20 à 30 % d’eau avec une qualité d’arrosage supérieure. Ce sera également un énorme gain de temps, d’énergie et de confort dans nos conditions de travail ».
« Le programme CONNEXION est important, ça fait du bien de rencontrer d’autres acteurs qui s’engagent, cela nous permet de se sentir moins seuls, de partager notre expérience et de montrer que l’on peut produire de la qualité avec des pratiques moins impactantes. Ce serait bien plus simple de produire en « agriculture conventionnelle », mais en produisant en bio nous savons que l’on impacte au minimum. »
« Je souhaiterai que les gens prennent conscience que ce qu’on fait aujourd’hui, de ce qui a été fait par le passé et de ce qu’on va laisser au futur. Qu’on arrête de produire au bout du monde du monde avec de la main d’œuvre exploitée et faire venir des produits qu’on peut faire ici en France. On peut faire différemment, on peut arrêter de surconsommer, il suffit de revenir aux choses simples. »
A bénéficié
A été accompagné par
France Active Provence-Alpes-Côte d’Azur
LA MINI ODYSSEE POUR DEMAIN
À bord de son vélo électrique solaire, Jérôme Zindy, voyageur engagé et reporter bas carbone, est parti à la rencontre d’une vingtaine d’entrepreneurs acteurs de la transition écologique et participants au programme CONNEXION de France Active Provence-Alpes-Côte d’Azur. Accompagné de Nicolas Jahan, photographe lui aussi à vélo électrique, ils ont parcouru 370 km entre Avignon, Arles et Carpentras pour mettre en lumière ces entrepreneurs tout en réduisant eux-mêmes au maximum l’impact de ces rencontres.